Morgane : Conseils généraux pour réussir son droit, orienté pénal

Je souhaitais commencer cet article par une citation, et je cherchais quelque chose de juridique qui pourrait vous être utile durant votre cursus à la fac de droit. Et puis, la seule citation qui m’est venue à l’esprit n’est pas du tout juridique, elle vient de cet acteur incroyable qu’est Tom Hanks, mais elle a été celle qui m’a aidé à surmonter beaucoup de stress et de mauvaises situations surtout cette année, alors, je la transmets ici, on ne sait jamais si vous pouvez vous en souvenir au détour d’une déprime du dimanche soir à rédiger un commentaire d’arrêt.

« It's supposed to be hard. If it were easy, everyone would do it. » (qui peut plus ou moins être traduit en lui enlevant son charme par : C’est censé être difficile. Si c’était facile, tout le monde le ferait).

Avant de vous donner quelques conseils assez personnels qui je l’espère vous seront utiles, il faut que je vous expose un peu qui je suis. Je suis actuellement étudiante en M1 de droit pénal sur Nantes, et j’attends mes acceptations pour mon M2. Je souhaite entrer ensuite à l’Ecole Nationale de la Magistrature pour devenir procureur de la république.

De là naît mon 1er conseil, non, nous ne finissons pas tous avocat, il y’a énormément de beaux métiers juridiques autre qu’avocat que vous aurez la chance de découvrir durant vos années, alors si avocat n’est pas votre vocation, aucune inquiétude, une vocation naîtra au détour d’un stage ou de l’étude d’une matière sans l’ombre d’un doute.

Je suis entrée dans une fac de droit Bretonne à la sortie du lycée. J’ai toujours été bonne élève, j’ai obtenu mon bac littéraire avec mention très bien, (ce n’est pas pour me vanter, loin de là, mais ce point est important pour la suite) et mes professeurs m’ont tous dit que je réussirais dans le droit haut la main. Ils n’ont pas tout à fait eu tort, mais la fac de droit m’a fait l’effet d’une douche froide.

En repensant à ce que j’aurais voulu savoir en entrant en licence 1, la première chose qui me vient à l’esprit c’est que ce n’est pas grave de rater. Ce n’est pas grave d’avoir une note en dessous de la moyenne, ou une note décevante par rapport au travail qui est fourni. Ce n’est pas grave de passer de 17 de moyenne à a peine  11, ou même en dessous. Il faut du temps pour s’habituer à un nouvel environnement, à une nouvelle méthode, à des matières dont on n’a jamais entendu parler et dont nous n’avons pas les bases. C’est l’inconnu, c’est effrayant, mais à force de travail c’est gratifiant. Par ce qu’une fois que ces premières déceptions sont passées, il faut s’accrocher et continuer de persévérer, cela paiera toujours un moment ou un autre.

Ce n’est pas non plus grave d’avoir envie d’abandonner et d’avoir une baisse de moral (par ce que oui, on en parle pas forcément, mais on a tous déjà eu envie d’abandonner, lorsque les 1ères notes sont tombées, lorsqu’on n’a pas eu notre semestre) et c’est là qu’entrent en jeu les amis. Les amis qu’on se fait durant la licence de droit sont des amis qu’on garde. Par ce que s’est important de s’entourer de personnes qui comprennent ce que l’on traverse, et qui eux aussi ont vécu les périodes de coup de mou. Il ne faut pas hésiter à parler, à leur parler ou à parler à vos amis de lycée. La première année est difficile et éprouvante moralement, et il ne faut pas se sentir honteux d’avoir envie de tout plaquer. Comme ma citation le dit, c’est le fait que ce soit difficile qui fait que l’on est fier d’avoir réussi. Et même après 4 ans de droit parfois on a envie d’abandonner, ça arrive, surtout en période de partiels (ça sent le vécu non ? aha), mais il faut en parler, et chercher du soutien, et les amis de licence sont toujours là pour aider.

Dans le même ordre d’idée, la L1 est chronophage. Vous avez déjà du entendre dire qu’il faut travailler chaque semaine 3 TD et assimiler une méthodologie super différente, tout en suivant des cours en amphi, je pense même que les autres témoignages ont dû le mentionner à un moment ou un autre. Je vais passer donc très vite sur ce point-là pour insister sur quelque chose d’important : n’abandonnez pas vos activités en dehors de la fac, la musique, la danse, le théâtre, le sport, la couture, la mosaïque, je sais-je. Votre vie va être régie par le droit, vous allez aller à la fac à 8h du matin pour en sortir à 17 h et vous mettre à bosser les travaux dirigés jusqu’à pas d’heure. Vous n’allez fréquenter souvent uniquement des étudiants en droit, et lire que des bouquins dédiés au droit constitutionnel ou à l’histoire du droit. Alors aérez-vous l’esprit. Vous allez vous dire que c’est une perte de temps, mais ça ne l’est pas. C’est important et ça permet de souffler, de voir autre chose et de décompresser. Surtout qu’arrivé en Master, tout le monde a fait ses preuves, il ne reste que des personnes très douées en droit qui souhaitent intégrer un bon Master 2, ce qui peut faire la différence c’est votre motivation, vos engagements associatifs, vos job étudiants, alors continuez ce que vous faisiez au Lycée, ou si vous ne faisiez rien, pensez à vous trouver une activité qui pourra vous sortir le droit de l’esprit 1 ou 2 heures par semaine.

Je me souviens d’un chargé de TD qui nous disait : « Allez boire un verre, allez au cinéma, regardez une série, même si il vous reste 30 pages de cours à apprendre. » Et qu’est-ce qu’il avait raison ! Se forcer à lire des pages jusqu’à overdose n’est ni bon pour votre productivité ni pour vos notes. Alors si cet épisode de Game of Thrones vous nargue depuis des heures, (ouais, bon celle-là est terminée, mais pendant le S2 de ma L1 on était en plein dans la sortie de la saison 6), regardez-le et ne culpabilisez pas. Vous allez vous remettre à vos épreuves avec plus d’entrain.

Si j’ai un autre conseil qui semble idiot dans ce genre-là, c’est « dormez ». Ouais ouais, je vous vois lever les yeux au ciel, mais ça m’aurait évité une belle mésaventure en L3 qui aurait aussi pu m’arriver en L1 et je crois que j’aurais beaucoup moins ris. Je ne m’étais accordée que 2 heures de sommeil pour réviser une matière importante en L3 «  Les libertés fondamentales ».  Je m’étais couchée excessivement tard et levée bien trop tôt, mais cette matière me passionnait et je voulais absolument une bonne note. Arrivée à la fin de l’épreuve, très fière mais exténuée, je rends ma copie, prend la voiture et rentre chez moi. C’était la dernière épreuve avant Noël, pas peu fière, je me mets devant ma série, Peaky Blinders pour ranger mes cours, et là, je me rends compte que…J’ai oublié de rendre l’annexe à ma copie qui vaut les ¾ des points. Et bien entendu, dans ces cas-là, on ne peut rien faire. Mais la fatigue m’a joué ce mauvais tour. Alors pour avoir un maximum de vigilance et éviter la pire note de votre cursus, accordez-vous de bonnes nuits de sommeil et vérifiez 15 fois vos copies avant de les rendre.

Mais de là naît un autre conseil : pas d’inquiétude. J’ai eu 5, ou 6(j’en garde un souvenir vague), mais ce n’est pas pour ça que je n’ai pas réussi mon année et que je n’ai pas eu de master. La compensation est votre meilleure amie. Une mauvaise note dans une matière n’est pas un drame, et si vous travaillez vos TD avec assiduité, tout est rattrapable.

Je ne peux pas vous parler de l’inquiétude des rattrapages ou de ce que cela fait d’y aller, mais sachez que l’on a la chance en licence d’en avoir et tant que vous n’avez pas vu vos notes de rattrapages, tout est encore possible.

Ce qu’il est important de dire aussi est qu’internet n’est pas votre ami. Internet peut vous permettre de vous faire une idée générale du sujet que l’on vous donne à travailler. Mais ne vous fiez jamais à lui, ne copiez pas les dissertations disponibles sur de nombreux sites. Si vous les trouvez en ligne, dites-vous que les 5 ou 6 générations d’étudiants avant vous les ont aussi trouvés et que vos professeurs les connaissent aussi. Surtout que pour la L1 ça fonctionne car les sujets sont assez vagues et communs, mais plus vous allez approfondir les sujets, moins internet pourra vous aider.

Alors surtout, avant de vous lancer sur internet, lisez votre prise de note. Je n’ai compris que tard que ce dont j’avais besoin pour mes exercices en L1 se trouvait à 95% dans les cours de mes professeurs. Pour le reste, l’approfondissement, allez à bibliothèque universitaire, ouvrez un livre. Vous n’avez pas besoin d’acheter d’autres ouvrages que le code civil pour la L1, tout est disponible à la B.U, ou alors sur les ressources en ligne de vos facs qui dépensent énormément pour que vous ayez accès à tout le nécessaire, tel que lexisnexis 360 ou le répertoire dalloz en ligne.

Concernant la L1, si j’ai un autre conseil à vous donner, inscrivez-vous au parrainage, il n’y en a pas dans toutes les facs, mais dans celle où j’étais à l’UBS de Vannes, il y avait ce système ou un L2 ou L3 pouvait vous accompagner durant la L1, vous envoyer des cours, vous donner des conseils méthodologiques, et franchement ça sert énormément. Mon parrain m’a aidé durant toute l’année , j’ai gardé de très bons contacts avec lui, et à mon tour j’ai aidé des filleules pendant 2 ans à se sortir de mauvaises passes, aussi bien concernant les cours, que concernant la motivation et le moral.

Comme vous l’aurez surement compris, la L1 est le plus gros morceau, par ce qu’on part de 0, les personnes ayant détesté le lycée ont une chance de recommencer et de trouver ce qui leur plait, les personnes ayant adoré le lycée vont peut-être tomber de haut, mais ce n’est rien, on se relève toujours d’une façon ou d’une autre.

Alors oui, la L1 c’est compliqué, la méthodologie est nouvelle, il faut travailler régulièrement (je pense qu’on sera nombreux à insister dessus, il ne faut pas travailler au dernier moment, la charge de travail est trop importante pour procrastiner), et on s’en sort sans trop de dommages. Mais si vous voulez un autre conseil, ne baissez pas les bras à la suite du 1er semestre, c’est toujours au second semestre qu’on trouve son second souffle, qu’on s’habitue à travailler et à y passer nos week-ends.

D’ailleurs, sur la méthode de travail et l’organisation, on m’a souvent posé la question, il n’y a pas de « bonne manière » de travailler, ça dépend de chacun. J’ai toujours commencé à travailler vers 21h le soir pour me coucher vers minuit et quelques, par ce qu’en rentrant de la fac je préférais souffler et regarder une série. Mais ce n’est que ma façon de faire, certaines amies préfèrent se coucher vers 22h pour pouvoir se lever très tôt et être productive dans la matinée. Il n’y a pas de bonne façon de faire, il n’y a que votre façon de faire, celle qui vous permet d’optimiser votre temps.

La seule bonne manière d’étudier, je dirais que c’est en groupe. Surtout pour les TD, trouvez-vous un binôme de travail, c’est parfois difficile en L1, mais pour les autres années, trouvez quelqu’un avec qui vous vous sentez bien, ou même un petit groupe. Ne soyez pas égoïstes, ou individualiste, les concours en droit ne sont qu’après les masters, alors s’entre aider n’a jamais fait de mal durant la licence. Au contraire, vous verrez que plus les années passent, moins les promotions sont importantes (pour un exemple, nous étions 450 dans ma petite fac en L1 et nous ne serons que 25 en M2 l’an prochain) et plus les gens cherchent à s’entre aider, à créer du lien. Les professeurs en master 2 cherchent des personnes qui aident à créer des promotions soudées, avec qui les interactions sont faciles, alors oui, le master paraît bien loin, mais il arrive plus vite qu’on ne le pense, commencez à apprendre à travailler à plusieurs !

Ah oui, et on ne finit pas toujours dans le domaine qu’on avait en tête en entrant en fac de droit. Enfin, tout dépend, je suis entrée en tête avec l’envie d’être pénaliste… Et je semble absolument bien partie pour sortir de la fac en étant une pénaliste. Mais la fac de droit à fait naître d’autres vocations chez moi, comme celle de vouloir devenir huissier de justice, si le pénal n’avait pas fonctionné j’aurais donc privilégié le droit privé. Mais vous verrez que le droit est tellement vaste que tout le monde ne termine pas dans le domaine souhaité au tout début. D’ailleurs, pour les pénalistes en herbe, on ne commence le droit pénal qu’en L2 ou parfois en L3 (j’ai commencé en L3), il va donc falloir vous armer de patience pour savoir si le droit pénal est votre vocation ! Mais rien n’empêche les lectures cette matière pendant les vacances.

Et pour ceux qui détesteront les matières de la L1, il y’en a de différentes tous les ans, vous trouverez forcément quelque chose qui vous intéressera plus en L2 ou en L3. C’est surtout la L3 qui sera déterminante, pour savoir si vous deviendrez plutôt spécialistes du droit public ou du droit privé. Mais là encore, aucune barrière pour le master. D’expérience personnelle je sais qu’en n’ayant pas choisi le droit pénal en matière à TD en L3 cela n’empêche pas d’être pris dans un master de droit pénal en M1 (c’est le cas d’une amie qui a trouvé sa vocation à la fin de la L3).

Mon dernier conseil serait d’aller au tribunal. Surtout pour les passionnés de droit pénal. Il est toujours possible d’aller aux audiences publiques assister à une assise. Même si les assises prennent du temps et que vous ne verrez pas le procès en entier, assistez au plus d’audiences possible pour voir chaque partie du processus de jugement. Et allez voir des audiences correctionnelles, qui sont moins spectaculaires mais qui peuvent montrer la réalité des métiers juridiques tel qu’avocat, juge, procureur ou encore greffier. C’est parfois beaucoup plus parlant que d’écouter un cours de procédure ou que de lire un manuel sur le procès. Ne soyez pas timide, n’ayez pas peur, les professionnels du droit ont été à votre place un jour assis sur un banc du tribunal à rêver de porter la robe d’avocat ou magistrat.

Et on en arrive à la fin de la L1, le moment où nos efforts aboutissent ou pas. Et le moment où l’on sait si l’on va passer au niveau supérieur avec nos amis. C’est toujours difficile de laisser des amis derrière. Des personnes avec qui on a passé nos meilleurs moments, avec qui on faisait nos TD. Mais ça arrive, alors si vous laissez quelqu’un derrière, ou que vous-mêmes restez derrière, ce n’est pas grave. Il faut plus de temps à certains pour assimiler la méthodologie ou la façon « juridique » de réfléchir. Alors oui, c’est compliqué, mais gardez le lien ! Mon amie de L1 que j’ai laissée derrière est toujours une des personnes qui compte le plus pour moi et c’est elle mon pilier. En droit, le redoublement ne montre rien de votre investissement ou de votre niveau. Et personne ne vous jugera sur le fait d’avoir repiqué une L1, ou une L2, les incidents de parcours existent et les professeurs sont très indulgents avec cela. Accrochez-vous, si le droit est votre passion, cela paiera toujours.

Et surtout croyez en vous qui avez décidé de vous lancer sur les bancs de la fac de droit. N’écoutez pas vos détracteurs qui vous disent que vous ne réussirez pas. Ou au contraire qui disent que les études de droit ne sont pas difficiles et que les études de médecine elles, sont difficiles. Vous verrez, sous peu de temps votre entourage commencera à vous solliciter pour régler certains problèmes juridiques. Par ce que si vous avez un attrait pour le droit, vous verrez à quel point il est gratifiant de comprendre la vie juridique qui vous entoure, que ce soit la vie judiciaire, ou administrative d’ailleurs.

Si vous suivez votre passion vous avez toute votre place en droit, peu importe d’où vous venez et ce que vous laissez derrière vous, si vous suivez votre envie, alors vous avez fait le bon choix.

Morgane

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