CRFPA - Méthodologie de la note de synthèse.

Certains ont pu la voir passer sur Twitter de manière condensée, d’autres non, et dans tous les cas, elle ne comprenait que le strict nécessaire. J’ai décidé d’y consacrer un article plus complet en essayant de vous expliquer au mieux les étapes que j’appliquais. La méthodologie employée respecte les conditions imposées à l’examen du CRFPA, je ne sais pas ce qu’il en est précisément pour d’autres concours. Également, ceci est une méthode parmi des dizaines, à vous de voir ce qui vous correspond ou non et ce que vous choisirez de garder dans votre méthode à vous.

Les étapes sont les suivantes :

  • Lecture du sujet.
  • Lecture du sommaire.
  • Survol du dossier.
  • Lecture approfondie 1.
  • Montage de plan 1.
  • Lecture approfondie 2.
  • Montage de plan 2 et montage des sous-parties.
  • Rédaction avec léger appui sur les documents du dossier.
  • Recompter les documents après avoir écrit la transition entre le I) et le II).
  • Finir l’écriture et relire si vous disposez d’assez de temps.

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I- Les clés de la réussite de la note de synthèse

Les clés de la réussite sont au nombre de six : finir dans les temps (1), éviter les fautes d’orthographe (2), respecter le nombre de pages imposé (3), toujours répondre au sujet (4), citer tous les documents (5), ne mettre aucune connaissance non-extraite des documents (6).

J’ajouterais aussi qu’il faut apprendre à écrire petit et lisible, ce n’est pas une épreuve à l’avantage de ceux qui écrivent gros, il va falloir vous y faire. Enfin, n’oubliez pas que le style doit être neutre, on ne vous demande pas votre avis, on vous demande de retranscrire des informations (par contre vous pouvez tout à fait indiquer sur le fondement de quelques documents « la doctrine est très critique à cet égard car… »).

Dans cet article, c’est surtout le n°1, le n°2 et un peu le n°4 qui vont nous intéresser. Si je peux aussi vous donner un conseil : n’écrivez que sur le recto de vos brouillons (ou alors numérotez-les avec un feutre).

II - La méthode

Petit rappel avant de commencer : le but du jeu est d’extraire les informations principales de chaque document en rapport avec le sujet, de synthétiser ces informations de manière à fournir un support utilisable comprenant l’essentiel de ce qui doit être su pour le sujet. L’idée est qu’un jour, si vous êtes confrontés à un sujet que vous ne connaissez pas et que vous avez peu de temps pour le préparer, vous puissiez être en mesure de le faire.

1. Lecture du sujet.

C’est la première étape avant d’ouvrir le dossier : lire le sujet. Ça peut sembler anodin, mais à mon examen (2018), le sujet était « consentir au traitement de ses données personnelles par les réseaux sociaux » (vous pouvez le retrouver sur le site du CNB).

Il se trouve que dans le dossier, il n’y avait pas tant de références que ça aux « réseaux sociaux ». Il fallait donc avoir cette expression en tête pour que ça active les alarmes dès qu’elle serait croisée dans les documents.

N’hésitez pas à l’écrire en haut de votre première feuille de brouillon et à vous y référer de temps en temps pour éviter un hors sujet.

 

2. Lecture du sommaire.

C’est ici que le jeu commence véritablement. En lisant le sommaire, vous êtes capables d’extraire une quantité importante d’informations. Vous aurez l’auteur, le type de document, son titre et la date. Si je peux vous donner un conseil : détachez la feuille contenant le sommaire, comme ça vous pourrez l'avoir à côté de vous quand vous lirez les documents ensuite (pas maintenant, on est d'accord ?).

Le titre peut déjà vous donner énormément d’indications. Par exemple, dans la note de synthèse pour 2018, on pouvait avoir ce document :

« Document 5 : Denis OLIVENNES et Mathias CHICHPORTICH, « Mortelle Transparence » éditions Albin Michel 2018 (extraits, sans note de bas de page) »

Ici, vous avez toutes ces informations : document récent et donc sûrement à jour du RGPD, relevant de la doctrine, étant très critique à l’égard de la transparence (donc on peut supposer qu’il va défendre un manque de transparence viciant le consentement, cf. sujet de la note de synthèse) et on parle de « mortelle » alors est-ce un sujet lié au cyber-harcèlement sur les réseaux sociaux (cf. sujet) ? Peut-être.

En lisant deux lignes, vous avez déjà toutes ces informations, qui pour certaines doivent bien sûr être confirmées. En plus de ces informations, n’hésitez pas à classer vos documents sous plusieurs mots-clés. Dans le sommaire de la note de synthèse, on remarque par exemple l’utilisation des mots suivants : « protection », « donnée personnelle », des réseaux sociaux connus (« Twitter »), « transparence », « consentement ». Répartissez les documents par thème, ça vous donnera les prémices d’un plan.

N’hésitez pas aussi à les surligner par couleurs : rose pour les textes/traités/lois, jaune pour la doctrine, vert pour la presse, orange pour les jurisprudences, etc. En un coup d’œil vous verrez à peu près la répartition entre les types de docs (et ça peut vous éviter de mettre que de la presse dans une sous-partie, que des textes dans une autre, il faut vous rappeler de varier les plaisirs).

Il faut faire le reste avec tous les documents du sommaire. Pour ceux dont vous n’arrivez pas à déceler une information permettant de catégoriser en mots-clés, marquez une croix à côté (ou sur votre feuille écrivez leurs numéros pour vous rappeler que vous n’avez aucune information très viable).

 

3. Survol du dossier.

Troisième étape du jeu : survoler le dossier. Survoler, c’est ne pas lire dans le détail. D’abord, il faut se préparer : tracez quelques lignes horizontales sur votre feuille avec un écart suffisant entre chaque pour pouvoir écrire. Ensuite, prenez votre dossier avec vous, et c’est parti !

Survoler, c’est principalement (principalement, on a dit) trois choses :

  • Si le document fait plusieurs pages, possède un plan construit, et semble contenir énormément d’informations utiles, vous passez au document suivant. Vous l’écrivez sur votre brouillon comme étant un « document impératif » ou « document pivot » qu’il faudra lire dans le détail plus tard.
  • Pour les autres documents, il s’agit de lire l’introduction, éventuellement les termes en gras s’il y en a, les débuts de paragraphe, la conclusion et noter en deux trois lignes sur le brouillon ce qu’il raconte (n’hésitez pas à mettre des mots-clés aussi). Pour les jurisprudences, lisez vaguement les faits et la conclusion. Si vous notez une phrase qui résume parfaitement le document, surlignez-la pour plus tard.
  • Pour les documents un peu compacts dont on ne sait pas exactement ce qu’ils racontent en survolant, ce qui est fréquent avec la doctrine, notez que vous devez le lire plus tard.

Evidemment, si vous remarquez pendant ce survol que le document 5 fait référence au document 17, écrivez-le sur votre brouillon et notez éventuellement lequel des deux il faut lire s’il faut en lire un (quel est le plus long, le plus complet, le plus synthétique, etc. ça c’est à vous de hiérarchiser).

Également, pendant cette étape, vous pouvez réajuster la répartition des documents effectuée précédemment. Les documents qui ne vous disaient rien dans le sommaire peuvent peut-être être casés maintenant qu’ils ont été survolés. Aussi, notez les potentiels documents pouvant vous servir pour l’introduction (parce qu’ils contiennent des statistiques par exemple).

Une fois que c’est fait pour chaque document, on passe à la suite.

 

4. Lecture approfondie 1.

Là, vous allez lire dans l’ordre :

  • Les documents impératifs/pivots ensuite, où là vous allez lire attentivement et surligner chaque phrase que vous pourriez reformuler pour intégrer à votre note de synthèse. Notez également toutes les références potentielles aux autres documents car vous n’aurez pas besoin de les lire dans le détail comme ça (d’où l’intérêt de bien réaliser les deux étapes précédentes).
  • Les « textes » (articles de lois, de traités, de règlement, etc.). Pourquoi commencer par eux ? Car ils sont les plus susceptibles d’être cités non-intégralement dans d’autres documents, il faut donc les avoir en tête. Ne relisez pas ceux qui sont cités in extenso (ou presque) par les documents pivots, ça vous fera gagner du temps de lecture.

Pareil, pour ces deux types de documents, écrivez les mots-clés, les idées qu’évoque le document et tous les autres documents auxquels il peut faire référence (si le document pivot cite une jurisprudence/un article qui se trouve dans le dossier, notez le numéro du document parlant de cette jurisprudence/cet article pour ne pas avoir à le lire dans le détail après).

 

5. Montage de plan 1.

Les choses sérieuses si elles n’ont pas déjà commencé, commencent ici.

À ce stade vous en êtes ici : vous avez une répartition de docs en mots-clés (étape de la lecture du sommaire, complétée par le survol du dossier et la lecture approfondie 1) et vous avez un détail de chaque document sur vos brouillons avec 2-3 lignes sur leur apport, les éventuelles références à d’autres documents de la note et possiblement ceux qui vont aller en introduction plutôt.

Vous allez pouvoir commencer à monter un plan. Attention, ce n’est pas encore le moment où vous allez rédiger vos sous-parties. Là, on veut juste trouver une répartition équilibrée des documents lus et dont on a une idée de ce dont ça parle (ce qui exclue les documents « mystères » pour l’instant) pour avoir des idées de noms des parties et sous-parties et avoir en une ou deux phrases le contenu. La rédaction interne viendra plus tard.

Le plan doit respecter le sujet autant que possible et comporter une variété de types de docs (comme je le disais, on évite de caser tous les textes ou toutes les jurisprudences dans une seule sous-partie, ça ennuie le lecteur).

En principe, vous allez à peu près réussir à tout caser de manière à peu près équilibrée à quelques exceptions près (les documents « chiants » ou « mystères » pour le dire plus élégamment). À peu près équilibrée signifie que si vous avez 23 documents, il en faut minimum 5 par sous-partie (4 x 5 = 20) et environ 3 en introduction.

Les répétitions sont possibles mais plutôt pour 2-3 documents et idéalement (pas obligé mais c’est mieux) entre l’introduction et le développement (= je cite le doc 7 en intro et dans une sous-partie par exemple). Néanmoins, si on peut les éviter, c’est bien.

L’idéal est d’avoir un plan équilibré au niveau du nombre de documents et respectant à peu près le sujet à ce stade. Il devrait vous rester entre environ 1 et 7 documents à caser. Notez-les sur votre brouillon car il faut impérativement que TOUS les documents soient cités dans votre note.

 

6. Lecture approfondie 2.

Là, vous allez lire les documents « mystères », ceux qui ne vous disaient pas grand chose en lisant le sommaire et qui ne sont pas très simples à lire en survol, ainsi que les documents non-répartis dans le plan (car oui, ça arrive quand on est devant un document un peu atypique qui ne se fond pas bien dans la masse).

Pareil, essayez de les répartir dans votre plan issu du montage de plan 1, c’est un peu toujours la même méthode, on peaufine au fur et à mesure.

 

7. Montage de plan 2 et montage des sous-parties.

À l’issue de cette étape, vous devrez avoir un plan équilibré, citant chaque document. C’est l’objectif à ne pas perdre de vue.

Intéressez-vous à l’introduction : quels documents avez-vous noté comme pouvant faire partie de l’introduction ? Pourquoi (statistique, fait de société renvoyant au sujet, phrase expliquant la problématique liée au sujet, définition, etc.) ? Là vous organisez l’ordre des documents que vous allez intégrer à l’intro :

  • « Accroche [Doc X] ».
  • « Définition des termes du sujet » [Doc Y] s’il y en a une dans les documents. N’allez pas en inventer une, on a dit pas de connaissances personnelles. S’il n’y en a pas, essayez de trouver un élément des documents qui s’en rapproche (consultez vos résumés synthétiques de chaque doc pour savoir dans lequel fouiller éventuellement).
  • Annonce de plan (seul moment avec les chapeaux où vous n’avez pas à citer de documents).

Attention ! Si vous avez un document chiant que vous n’arrivez pas à caser dans le corps de texte (ça arrive parfois pour un ou deux documents), mettez-le en introduction ! Comme ça, vous n’oublierez pas de le citer, et vous vous prendrez moins la tête lors de la rédaction.

Votre introduction doit faire 7-8 lignes maximum (attention aussi si vous écrivez gros).

Ensuite, les parties doivent être organisées comme si vous passiez à l’oral, c’est-à-dire que vous devez penser comme si vous alliez passer à l’oral devant tout le monde pour dire ce que vous avez écrit. Ça doit donc être concis (phrases courtes), précis et avoir un ordre LOGIQUE, comme si vous racontiez une histoire. Ça peut paraître bête de le dire, mais vraiment si vous pensez comme ça, vous serez dans un meilleur chemin que celui qui va faire des phrases trop longues sans songer à l’enchaînement des éléments.

N’écrivez pas de phrases sur votre brouillon, faites par idée (servez-vous de vos mini-résumés de chaque document) et mettez vos documents dans l’ordre où vous devez écrire, car une fois la rédaction commencée, vous n’avez pas le temps de vous poser mille questions.

 

8. Rédaction.

C’est le moment critique, le moment où vous ne pouvez pas faire machine arrière. Votre plan est figé et il ne faut jamais le changer à ce moment là. À présent, le but est de finir en ayant cité tous les documents dans le nombre de pages imparti.

Normalement, vous n’avez plus qu’à recopier le brouillon en vous appuyant sur les documents (et notamment sur ce que vous avez surligné comme tournure de phrase par exemple). Attention, il ne faut pas paraphraser le texte, ce doit être vos propres mots fondés sur un document du dossier. En général je lis ce que j’ai surligné, puis ce qu’il y a sur le brouillon et j’écris, document après document.

N’hésitez pas à relire vos phrases et à les peaufiner, la méthode que je vous propose est censé vous permettre d’avoir suffisamment de temps pour rédiger (la rédaction étant ce qui me posait beaucoup de problèmes). Armez-vous d’un effaceur et d’une souris pour corriger et modifier vos phrases proprement.

À chaque phrase (sauf annonce de plan et chapeaux), un document ou deux maximum doit être cité à la fin de la phrase comme suit : « Blablabla (Doc 7). Blablabla (Doc 4) ». Évitez de citer deux documents si possible, et évitez de citer toujours le même document. Variez les plaisirs.

Également, n’oubliez pas que ce que vous dites doit s’inscrire dans ce qu’annonce votre sous-partie (ça semble évident, mais sait-on jamais). Aussi, n’oubliez pas de sauter des lignes et de mettre des alinéas dans vos sous-parties, même si le nombre de pages est restreint. N’oubliez pas qu’il faut que votre lecteur se sente à l’aise pour corriger.

Vos sous-parties doivent faire une vingtaine de lignes. Il n’y a pas de conclusion à faire.

III - A Retenir

Quand vous arrivez à la transition entre le I) B) et le II) A), comptez les documents que vous avez déjà cités ! Un oubli n’est pas encore irrattrapable à ce stade et vous pouvez encore le caser en partie II) si jamais ça arrive. Et recomptez une fois la rédaction terminée, c’est vital pour la réussite de l’examen.

Ceci n’est pas une blague. À l’examen, il y a un document que j’avais oublié de caser, j’ai dû le caser en catastrophe à la fin de mon II) B). Si je ne l’avais pas fait, j’aurais purement et simplement raté le CRFPA car je n’aurais pas eu la moyenne à ma note de synthèse.

Si vous avez du temps, relisez.

IV - Conclusion

Oui, en droit on ne fait pas de conclusion, mais ici je vais en faire une car il n’y a aucun principe qui ne souffre pas d’au moins une exception, n’est-ce pas ?

Souvenez-vous que le secret de la note de synthèse c’est l’entraînement et l’adaptation progressive des méthodes que vous testez à votre personne.

Vous donner une méthode n’a pour seul but que de vous offrir des pistes à explorer pour réussir à la note de synthèse selon ce qui vous convient, ce n’est pas en aucun cas de vous dire « ceci est LA méthode infaillible ». J’ai moi-même combiné plusieurs méthodes proposées par l’IEJ et ma prépa pour arriver à cette méthode-ci qui me convenait très bien mais qui peut-être ne vous conviendra pas en totalité.

Essayez, corrigez, améliorez, modifiez et à force d’entraînement, vous y arriverez !

 

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