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Passer l'examen d'entrée au CRFPA

Bonjour et bienvenue dans ce bref mais néanmoins intense épisode de ma vie d’étudiante en droit : l’examen d’entrée au CRFPA, communément appelé examen d’entrée à l’école du barreau. Si on ne vous en a pas parlé, c’est l’étape préalable à la formation d’avocat. Si vous voulez devenir avocat, vous ne pourrez pas y échapper.

Cet article se divisera en cinq parties :

  • Inscription et épreuves de l'examen d'entrée au CRFPA.
  • Quand passer l'examen ?
  • Avec prépa ou sans prépa ?
  • Mon expérience en prépa.
  • Mon expérience et mes conseils pour l'examen.

 

I. Inscription et épreuves

Avant de passer cet examen, il faudra vous inscrire dans un Institut d’Études Judiciaires (IEJ), qui peut être différent de celui de votre faculté, même si généralement il est conseillé de rester dans sa faculté si on y a fait toutes nos études. Ensuite, en pratique, ce sont en tout six épreuves qui vous attendent, selon deux phases successives.

Tout d’abord il y a les écrits avec, dans l’ordre chronologique :

  • Note de synthèse (coefficient 3, 5 heures), obligatoire pour tous.
  • Epreuve de droit des obligations (coefficient 2, 3 heures), obligatoire pour tous.
  • Cas pratique de spécialité (coefficient 2, 3 heures), obligatoire mais diffère selon votre matière de spécialité bien que le format reste le même.
  • Cas pratique de procédure (coefficient 2, 2 heures) qui se rattache à votre spécialité.

A l’heure actuelle, sont possibles les spécialités suivantes : droit civil (procédure civile), droit des affaires (procédure civile), droit social (procédure civile), droit pénal (procédure pénale), droit administratif (procédure administrative contentieuse, droit international et européen (procédure civile ou administrative contentieuse), droit fiscal (procédure civile ou administrative contentieuse).

Les sujets sont nationaux.

Si vous obtenez au moins 10/20, vous passez à l’étape suivante. A noter que pour le passage du CRFPA, vous avez 3 chances, et que les « chances » ne sont décomptées qu’à la signature que vous apposerez lors de l’épreuve de la note de synthèse, qui est la première dans l’ordre.

L’étape suivante se compose comme suit :

  • Oral de langue (coefficient 1).
  • Grand oral de libertés fondamentales (coefficient 4).

Ici, l’épreuve reine est le fameux grand oral. Les sujets pour ces deux oraux varient d’un IEJ à un autre. Dans celui où j’étais, l’oral de langue durait dix minutes et les sujets variaient selon les interlocuteurs, et au grand oral, tous les sujets ou presque prenaient la forme d’un « soutenez que X est conforme/contraire à Y ».

Mais avant de passer tout ça, il faut se préparer.

II. Quand le passer ?

Il est possible de passer le CRFPA dès lors que vous avez validé un Master 1 juridique, ou que vous êtes en cours de validation d’un tel Master, à condition de justifier de son obtention pour la session d’examen à laquelle vous êtes inscrits. En pratique, la plupart des personnes attendent la fin de leur Master 2 pour le passer.

Une réforme est en cours d’adoption pour obliger les élèves-avocats à valider leur Master 2, donc tenez-vous bien informés. Il conviendra de prendre en compte également la réforme de la sélection au niveau des Masters (laquelle pourra avoir des répercussions sur les conditions d’admission à l’examen).

A titre personnel, je l’ai passé entre la fin de mon Master 1 et la fin de mon premier semestre de Master 2 en ne le travaillant que pendant un été. Ma spécialité était le droit administratif, qui se combinait obligatoirement avec la procédure administrative.

III. Avec prépa ou sans prépa ?

J’ai passé le CRFPA avec une prépa privée estivale. En effet, je comptais le préparer en à peine plus de deux mois, et je savais que je n’avais pas la rigueur suffisante pour m’imposer un planning et le suivre, j’avais besoin d’un encadrement et surtout de récupérer des cours actualisés (notamment en droit des obligations, mon cours de L2 datant d’avant la réforme).

Je suis intimement convaincue que le passer sans prépa est tout à fait faisable. Cependant, cela signifie à mon sens qu’on dispose de beaucoup de temps pour le préparer. Certains prennent une année entière pour le faire eux-mêmes et éviter de dépenser une somme colossale dans une prépa privée, et c’est tout à leur honneur. Moi, vu le timing, le faire en deux mois toute seule, c’était compliqué.

Après, chacun fait comme il le sent. Les prépas estivales des facultés peuvent suffire, par contre je vous recommande dans ce cas de choisir celle de la faculté dans laquelle vous allez passer le CRFPA. L’IEJ de Paris 1 mettait à disposition ses vidéos de cours donc l’IEJ couplé à ma prépa privée était largement suffisant.

Aussi, si c’est la deuxième fois que vous le passez, et que vous l’aviez préparé avec une prépa privée, même si ça semble évident, ne reprenez pas la prépa privée (c’est super cher alors que vous avez déjà tous les supports de cours, examens et corrigés) et orientez-vous éventuellement vers celles proposées par votre faculté (moins chère).

Pour ceux qui souhaitent le passer sans prépa, je vous invite néanmoins à poursuivre la lecture car vous pourrez trouver divers conseils que vous pourrez appliquer vous-mêmes.

IV. Mon expérience en prépa.

Concernant la prépa que j’ai faite, c’est loin d’être parfait mais puisque je l’ai eu du premier coup en deux-trois mois de préparations, je ne peux pas dire qu’il s’agit d’un mauvais investissement. Le gros avantage de cette prépa est qu’il était possible de tout faire à distance et disposer de corrections sérieuses.

Néanmoins, n’oubliez pas que tout ce que vous avez fait depuis votre L2 (fiches de révision, apprentissage, préparation des TD, etc.), si vous l’avez bien fait, va vous servir au CRFPA. L’écrasante majorité des arrêts que j’avais à apprendre pour l’épreuve de spécialité avaient déjà été fichés et appris les années précédentes, il n’y avait qu’à relire.

À ma prépa, ils disposent d’une plateforme numérique plutôt bien faite. Ils ouvrent celle-ci un mois ou deux avant le commencement de la « vraie » prépa estivale, pour permettre de s’entraîner au plus tôt. Personnellement, j’ai regardé quelques cours mais pas grand-chose, j’ai vraiment commencé le 29 juin au début de la prépa estivale.

 

A. L’emploi du temps à la prépa.

L’emploi du temps ressemblait à ceci (il se peut qu’il y ait quelques erreurs, inversions ou approximations, je le fais selon les souvenirs que j’en ai, ne l’ayant pas conservé) :

  • Samedi : note de synthèse blanche de 9h-14h
  • Dimanche : rien
  • Lundi : épreuve blanche de droit des obligations 9h-12h, épreuve blanche de procédure administrative contentieux 13h-15h, puis cours de droit des obligations de 17h à 19h.
  • Mardi : épreuve blanche de droit administratif de 9h à 12h, cours de droit administratif l’après-midi sur deux heures.
  • Mercredi : cours de droit administratif le matin, séminaire de correction de la note de synthèse l’après-midi.
  • Jeudi : cours de procédure administrative contentieuse le matin, séminaire de correction de l’épreuve de droit des obligations l’après-midi.
  • Vendredi : séminaire de correction de l’épreuve de procédure administrative contentieuse et de droit administratif.

 

B. L’organisation.

Étant à la prépa avec deux amies, mon organisation en conséquence était la suivante :

  • On définissait avec mes deux amies qui ferait quelles fiches (dactylographiées) pour le droit public (on divisait selon le nombre de pages notamment) et on travaillait le droit des obligations chacune de notre côté. Les fiches se fondaient sur les fascicules de la prépa.
  • Pour le droit des obligations, je ne « fichais » que sous forme de mindmaps (sortes de schéma simplifié avec des flèches et des couleurs, très visuel), et je surlignais toutes les jurisprudences de mon cours dans le Code civil avec plusieurs couleurs.
  • Je faisais tous les examens blancs avec le cours ouvert à côté de moi (excepté en droit des obligations où je ne prenais que le Code civil). Au début je les faisais sur place, à la fin, je ne les rendais qu’à distance (sous forme manuscrite, en respectant scrupuleusement le temps donné) où j’obtenais des corrections personnalisées via la plateforme.
  • Je n’assistais pas à tous les cours, souvent je restais chez moi, mettais le cours en fond et en profitait alors pour ficher le cours en question.
  • Pour les séminaires, j’ai rapidement cessé d’aller au séminaire de note de synthèse, puisque j’avais déjà plusieurs méthodes possibles, je n’ai eu qu’à m’entraîner pour les combiner et les améliorer. Vous trouverez ma méthode sur ce lien). La même chose était arrivée en droit administratif, où le professeur du séminaire ne faisait que lire le corrigé. Je continuais d’aller en revanche à ceux de droit des obligations et de procédure administrative contentieuse qui m’ont été précieux.
  • Je me gardais des après-midis de libres pour me reposer et faire autre chose.

La prépa s’arrête environ deux semaines avant le véritable examen. Là, j’avais très souvent mal à la tête, donc je limitais mes révisions à 3h/4h par jour mais jamais plus. Je dormais beaucoup, me divertissais aussi pour penser à autre chose. Il faut s’aérer, et ne pas rester toute la journée à travailler non-stop. Ça fait peur de faire autre chose, mais c’est nécessaire pour ne pas exploser. Ne vous culpabilisez pas. Chacun est différent et chacun a son rythme.

Ensuite, une fois les écrits passés, les cours consacrés aux droits et libertés fondamentaux commencent à arriver. Je ne les ai pas tous écoutés, préférant privilégier les vidéos de l’IEJ. En revanche, j’ai fait deux simulations « officielles » avec des personnes de la prépa par Skype (prévoyez une bonne connexion surtout) et j’ai trouvé quelqu’un à l’IEJ pour faire des simulations réciproques. J’en ai fait cinq en tout. Il faut aussi noter que j’étais en parallèle en Master 2 en apprentissage et que donc j’avais des semaines de 35 heures et ça ne m’a pas paru infaisable. Néanmoins, j’étais très fatiguée, ça ne je vais pas le nier. Quelques jours avant le grand oral, à ma boîte, tous pensaient que j’étais malade, mais ça se fait. J’en suis la preuve.

 

C. Mes conseils.

Le premier conseil que je peux vous donner c’est de ne pas vous focaliser sur les notes. Je n’ai jamais eu la moyenne ni en droit des obligations, ni en droit administratif (alors que pourtant, c’est ma spécialité). Ma première note en droit des obligations était de 3/20 (et ma meilleure jamais enregistrée à la prépa était à 7/20). Ne vous souciez pas de ces notes, elles ne présument en rien de votre réussite.

En effet, les sujets d’examen à la prépa sont souvent très longs et beaucoup plus complexes que ce qui est attendu à l’examen. Je faisais les examens blancs dans les temps de l’examen, donc je ne finissais jamais contrairement à d’autres qui dépassaient le temps pour finir (mais qui du coup avaient certes une meilleure note que moi, mais qu’ils n’auraient pas eu cette note à l’examen).

Oubliez les notes, ne vous comparez pas aux autres, ça ne présage rien de votre réussite à l’examen, qui est au final, la seule chose qui compte. Prenez en revanche en considération les commentaires qu’on peut vous faire et les corrigés.

Le deuxième conseil que je peux vous donner est de faire tous les examens blancs, au moins s’agissant des cas pratiques. La note de synthèse, une fois la méthode acquise, j’avais toujours dans les 14/20 donc je ne les faisais plus à la fin pour me concentrer sur les cas pratiques. Également, n’hésitez pas, si vous le souhaitez, à les faire avec votre cours, ce n’est pas grave, je les ai tous faits comme ça et j’ai eu l’examen.

Le troisième conseil, c’est d’être intelligent dans votre manière d’apprendre les choses. Pas la peine de relire 20 fois si vous ne retenez rien comme ça, essayez plusieurs techniques : fiche ordi, fiche main, mindmap. J’ai tout combiné pour apprendre mes cours.

S’agissant des mindmaps, afin de mieux vous représenter cet outil, en voici deux que j’avais créées pendant mon Master 1 en collectivités territoriales : 

Mindmap1

Mindmap2

Le quatrième conseil que je donnerais, c’est de prendre du temps pour vous. Ne bossez pas en permanence, voyez du monde, sortez, DORMEZ, regardez des séries, faites ce qui vous fait plaisir. Ça permet d’aérer votre esprit et d’ancrer les connaissances dans votre tête.

Le cinquième conseil enfin, c’est de ne pas rester seul. Mettez des messages sur les réseaux sociaux pour vous entraîner ou travailler en groupe, trouvez des gens sérieux pour vous entraîner pour le grand oral, c’est important ! N’oubliez pas qu’il s’agit d’un examen, et non d’un concours, donc l’entraide est la bienvenue ! (et dans tous les cas, ne vous tirez pas dans les pattes, ça ne vous causera que du préjudice).

Enfin, j’ajouterai simplement que si vous êtes là, c’est que vous êtes capables d’y arriver. Votre pire ennemi ici, ce n’est pas la prépa, ce n’est pas l’examen, ce ne sont pas les autres. C’est vous-même. C’est là que vous allez vous confronter à vous-même et en apprendre énormément sur vous. Vous ne pouvez pas en permanence réviser, vous ne pouvez pas en permanence ne rien faire pour réviser, c’est un équilibre subtil impliquant nombre de choses qu’il vous faudra trouver. Et vous verrez que si vous voulez vraiment réussir, vous vous surprendrez.

V. Mon expérience vis-à-vis de l’examen et mes conseils spécifiques pour chaque épreuve.

A. Les écrits.

Ils ont lieu la première semaine de septembre, du lundi au jeudi en principe (mais veillez à bien vérifier car cela peut varier).

L’ordre des épreuves est le suivant : note de synthèse (lundi), droit des obligations (mardi), droit administratif (mercredi), procédure administrative contentieuse (jeudi).

  • La note de synthèse.

La première épreuve est la note de synthèse. C’est l’épreuve à ne pas rater. S’il y en a une qu’il faut impérativement réussir, c’est celle-ci. Elle est coefficient 3 contre coefficient 2 s’agissant des autres épreuves.

L’épreuve de 2018 était assez difficile, pas tant par le sujet global (le RGPD) que le « vrai » sujet (le consentement dans les réseaux sociaux). En effet, tous les documents se répétaient et ne parlaient quasiment pas des réseaux sociaux, et ça m’a quelque peu déstabilisée au niveau du plan. J’ai eu un vague moment de panique, puis j’ai dit « tant pis, tu fonces, tu finis, et tu verras ce qui se passe ». J’ai terminé 4 secondes avant la fin et j’ai eu 13/20 à cette épreuve.

MES CONSEILS :

  • Entraînez-vous jusqu’à stagner au niveau des notes à la prépa ou à l’IEJ (vers 14, 15, 16 sur 2 ou 3 notes de synthèse c’est bien). Lorsque vous aurez atteint ce stade, c’est que votre méthode fonctionne.
  • Les 6 clés pour la réussite de l’épreuve : l’absence de fautes d’orthographe, le respect du nombre de pages imposé (ni plus ni moins), ne pas ajouter de connaissances en dehors de celles présentes dans les documents, le respect du sujet et du plan (deux parties, deux sous-parties avec chapeau), citer tous les documents (et ne citer que des documents, aucune phrase à l’exception de l’annonce de plan et des chapeaux ne peut apparaître sans document) et surtout finir DANS LES TEMPS. C’est ce dernier point qui est le plus difficile. Vous devez remplir tous ces objectifs en trouvant votre propre méthode.

Pour rappel, un article présent sur le site internet et réalisé par mes soins vous explique ma méthodologie de façon détaillée au sujet de la note de synthèse, n’hésitez pas à vous en inspirer.

 

  • Les autres épreuves.

Ces autres épreuves, souvent des cas pratiques, sont coefficient 2 et sont au nombre de trois : le droit des obligations, l’épreuve de spécialité et l’épreuve de procédure.

S’agissant du droit des obligations, j’ai eu 6/20 à l’examen. Le sujet était très déroutant avec du hors programme (tout comme en 2017 il y avait eu du hors programme sur le mandat). Vous pouvez le retrouver en ligne.

Concernant les deux autres épreuves, j’ai eu 11/20 aux deux. Les deux sujets ne m’ont pas paru extrêmement compliqués, mais longs (surtout pour l’épreuve de spécialité).

MES CONSEILS :

  • N’hésitez pas, lorsque vous procédez aux entraînements, à les faire avec votre cours près de vous. Je l’ai fait systématiquement. Le but de ces épreuves est d’acquérir des réflexes, et faire ces entraînements avec votre cours vous permet de les apprendre, tout en composant. Bien sûr, cela a des répercussions sur la note (qui n’a aucun intérêt avant l’examen comme je l’ai dit) puisque vous perdez un peu de temps à chercher dans votre cours, il faut donc y être préparé. L’idée est de voir ce que vous avez comme réflexe devant un sujet, et de voir où est-ce qu’il faut creuser l’apprentissage. De plus ça vous économise du temps de révision et du stress. En effet, au lieu d’apprendre tout en une semaine pour la semaine suivante, vous apprenez au fur et à mesure (cours, fiches, examen blanc, puis correction) plutôt que tout d’un coup. Cela évite aussi de vous mettre un coup de stress si vous n’assimilez pas tout en si peu de temps. Après, ce n’est que mon avis, il n’engage que moi. Bien d’autres personnes ont réussi en apprenant tout pour la semaine suivante, c’est simplement que cette méthode ne me convenait pas.
  • Également, je vous conseille de ne pas dépasser le temps imparti. Certains avaient de bonnes notes en prépa en dépassant largement le temps (30 min-1h), mais ne se mettaient pas dans les véritables conditions d’examen en conséquence. A mon sens, dépasser le temps imparti sur ces entraînements vous pénalise car cela vous fatiguera plus pour une note qui ne compte pas. Vous aurez vu ce sur quoi vous avez des idées de réponse, et ce sur quoi vous n’avez aucune idée, terminer ne servira à rien puisque vous savez désormais ce que vous devez travailler. Vous avez répondu à 3 questions sur 7 dans les temps ? Ça ne fait rien, vous avez choisi ces 3 questions car vous saviez à peu près ce que vous vouliez répondre, contrairement aux quatre autres, que vous devrez donc approfondir, notamment avec leur correction.
  • N’oubliez pas d’énoncer en début de résolution de cas pratique la période où se passe l’affaire, notamment en droit des obligations où on distinguait en 2018 entre l’avant réforme, la réforme où les parties interprétatives étaient en vigueur, et l’après réforme où tout était en vigueur. Généralement, le Code civil est très bien présenté de ce point de vue. Mon conseil est d’apprendre par cœur une ou deux phrases que vous écrirez systématiquement sans réfléchir. L’idéal est de faire ça aussi pour vos majeures de cas pratique.

Pour le reste, je renvoie à ce que j’ai dit plus haut sur les révisions « intelligentes » en utilisant plusieurs méthodes, que j’ai toutes mises à l’épreuve pour les cas pratiques.

 

B. Les oraux.

Il convient de noter que pour ces épreuves, la forme de l’examen dépend de chaque IEJ. Ayant fait l’IEJ de Paris 1, mes conseils s’y adapteront davantage mais pourront sans aucun doute s’adapter à d’autres IEJ.

  • Le Grand oral.

Le Grand oral a de grandes chances d’être le pire oral de votre vie. En quoi cela consiste-t-il ? Un sujet vous est donné (à ma faculté, la majorité d’entre eux commencent par « soutenez que ») avec une heure pour le préparer à l’aide des codes que vous aurez amené avec vous, puis vous passez pendant 15 minutes sur ce sujet avant de procéder à 30 minutes de questions posées par le jury.

La plupart des sujets étaient assez faisables et attendus, seulement il s’est trouvé que je suis tombée sur un sujet dont je ne comprenais pas tous les éléments. Il était le suivant : « Soutenez que les garanties du droit de propriété doivent protéger toutes les valeurs économiques ».

Si la première partie du sujet ne posait que des difficultés moyennes, la notion de « valeur économique » en revanche m’était totalement inconnue (et même aujourd’hui encore je n’ai aucune idée de la définition de ces termes) et il fallait « toutes » les envisager. Autant vous dire que l’exposé s’est plutôt bien passé, mais l’entretien beaucoup moins.

C’est un oral qui se penche davantage sur la manière de réagir plus que sur les réponses données. Le jury se compose d’un avocat, d’un magistrat et d’un professeur d’université (souvent président du jury, placé entre les deux autres). L’avocate que j’ai eu était plutôt gentille avec moi, le magistrat était manifestement un magistrat de droit privé (et ne comprenait pas toujours mes réponses de publiciste) et la professeure d’université était vraiment la plus pénible des trois.

Le but du jeu : ne jamais vous laisser déstabiliser par quoi que ce soit car c’est exactement ce que le jury cherche, à tester nos limites, à tester notre patience.

Pour vous donner une idée de ce à quoi vous pourriez faire face, voici quelques exemples de situations :

  • Le jury pourra vous dire de manière implacable que ce que vous dites est faux alors que c’est vrai.

Ça m’est arrivé sur la théorie de la concurrence pure et parfaite, que j’avais récité parfaitement et où la professeure m’a dit « c’est faux » (alors que l’après-midi même j’ai eu un cours de Master 2 où la même récitation que j’avais faite avait été donnée par le professeur). Je ne sais pas si sincèrement elle a cru que ce que je disais était faux ou si c’était pour me déstabiliser. Sans insister, j’ai essayé de changer d’approche (sans grand succès, mais je ne me suis donc pas démontée).

  • Le jury pourra faire exprès de ne pas préciser leur propos quand bien même vous le demandez.

À nouveau, je ne saurais dire si c’était intentionnel, mais je sais que pendant au moins cinq minutes, la professeure essayait de me faire dire quelque chose, mais je ne voyais pas quoi, alors j’essayais de lui demander plus de précisions, mais elle ne m’en donnait pas vraiment.

  • Le jury pourra vous demander d’essayer de creuser un sujet où vous êtes visiblement mal à l’aise.

Le secret ici est de tenter une réponse en partant de la définition des termes de la question. Même si vous tombez à côté de la réponse, vous essayez et c’est ce qui compte. On veut quelqu’un d’acharné qui ne se démonte pas sur une difficulté. Attention, il ne s’agit pas de prétendre que vous connaissez, mais de montrer que vous savez raisonner (et faites le raisonnement à voix haute !).

Sur la note, j’ai eu 9/20. Le sujet relevait davantage de l’économie que du juridique et puisque je n’avais pas spécialement révisé mes cours de prépa en économie et mes cours très pointus de droit public des affaires (après tout on parle de droits et libertés fondamentaux, de choses plutôt larges), j’avais beaucoup de mal à établir des réponses. Je pense avoir bien répondu aux quelques questions de l’avocate et du magistrat, mais celles posées par la professeure étaient bien plus compliquées car elles faisaient appel à des notions économiques vraiment précises. Néanmoins, puisque je me suis battue jusqu’au bout, je pense que ça explique qu’ils n’aient pas mis une note plus basse. Après, ce ne sont que des spéculations (et cela vous rappelle l’importance de réussir la note de synthèse qui m’a permis de compenser cette note sous la moyenne).

  • L’épreuve d’anglais.

C’était une épreuve basique où on m’a posé des questions sur moi, mon parcours, un peu comme à un entretien d’embauche. Je sais cependant qu’au sein même de mon IEJ, certains ont eu des sujets assez techniques de fiscalité internationale. Je n’aurais donc pas de conseils particuliers à donner pour cette épreuve, celle-ci semblant assez aléatoire.

Néanmoins, si vous voulez travailler votre anglais sans payer d’abonnements, voici mes conseils :

  • Regardez des séries juridiques/films juridiques en anglais (sous-titré anglais si vous avez déjà vu la série, sous-titré français sinon, en essayant de reconnaître les mots). Je pense notamment à Suits et How to get away with murder mais il y en a des tas d’autres. Sans retenir les concepts, qui diffèrent largement de la France, ça vous permettra de travailler votre écoute et votre vocabulaire juridique. Dès que vous voyez une notion juridique importante, notez là (même très mal) et essayez de rechercher ensuite à quoi cela peut correspondre.
  • Vous adorez un livre, un film, un personnage, bref vous avez une passion spécifique ? Je vous suggère de vous inscrire sur Tumblr. C’est un site internet gratuit qui fonctionne semblablement à Twitter (vous vous abonnez à des recherches ou des blogs en particulier qui produisent du contenu), et où vous pourrez trouver une communauté majoritairement anglophone sur des sujets que vous aimez. Vous pourrez trouver bien sûr des images, des citations, mais aussi des débats sur certaines œuvres, certains personnages, et ils sont tous en anglais. Ce site peut donc vous permettre de lire en anglais, de répondre en anglais si le cœur vous en dit, et d’améliorer votre niveau. Vous pourrez aussi trouver des fanfictions en anglais (comprenez une fiction appuyée sur un univers existant sans en suivre nécessairement le chemin) qui vous permettrons d’enrichir possiblement votre vocabulaire.
  • N’hésitez pas à regarder les chaînes d’actualité anglaises (et américaines, mais les américains ont souvent tendance à écorcher les mots, tandis que les anglais appuient au contraire davantage sur la prononciation, ce qui peut s’avérer plus facile).

Il y a des dizaines d’autres manières d’améliorer son anglais évidemment, comme trouver un correspondant, prendre des cours, etc. mais j’espère que ces quelques conseils vous aideront tout de même.

J’espère que tous ces conseils et ce partage d’expérience vous serons utiles pour aborder l’examen. Je n’ai pas la science infuse, je ne dis pas qu’en appliquant tous ces conseils vous réussirez, mais souvent on ne sait guère par quel bout prendre cet examen, et cet article est là pour vous donner des pistes à réfléchir pour le réussir au mieux.

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