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Parcours Privé ou Public : rien n'est définitif

Ah la séparation entre droit public et droit privé, sempiternelle querelle entre publicistes et privatistes qui anime tant de discussions notamment en première année. Souvent en arrivant en droit l’on peut avoir l’impression que le choix d’une des deux voie est définitif et qu’il est très compliqué de changer parce qu’en choisissant certains TDs ou un parcours en dernière année l’on ferme des opportunités en se « spécialisant ». QUE NENNI ! Nos héro(ïne)s du jour l’on fait, suivant leurs envies mais surtout leurs projets, et partagent leur expérience au soir de leur première année de master.

Présentations

Yannis (Public à privé) : Je m’appelle Yannis, j’ai 21 ans et je suis actuellement en Master de droit fiscal à UT1 Capitole après une licence de droit public réalisée dans la même université. Dans ma fac la séparation licence droit public/privé se fait le dernier semestre de licence ce qui est assez court pour une spécialisation mais en ce qui me concerne depuis la première année je n’ai pris en TD que des matières de droit public (sans délaisser le privé même si ce n’était que des oraux). Avant toute chose je tiens à préciser que le droit fiscal n’est pas 100% du droit privé, c’est le droit de fusion parfait parce que c’est un droit de superposition qui s’ajoute au-dessus de tous les droits.

 

Hugo (Public à privé) : Je m’appelle Hugo, j’ai 21 ans et je suis en Master de droit pénal à l’Université Toulouse I Capitole, après comme Yannis, y avoir réalisé une Licence en droit, mention droit public. Je ne reviendrai pas sur ce qu’à dit Yannis sur le déroulement de la licence, cependant contrairement à lui, en matière de travaux dirigés, je n’ai pas nécessairement opté que pour du droit public, afin de ne pas restreindre mon raisonnement. Quant au droit pénal, si sa philosophie est profondément publiciste, ce que le droit comparé nous permet d’affirmer, il n’en demeure pas moins qu’il est au carrefour du droit public et du droit privé : l’agent et la victime, personne privées, tendent à faire rapprocher le droit pénal du droit privé.

 

Maëlie (Privé à Public) : Après un baccalauréat ES j'ai continué mes études en Licence de Droit parcours droit privé en souhaitant travailler plus tard dans un domaine alliant droit et économie : avocate en droit des affaires. En L2 j'ai découvert le droit international et le droit européen, puis j'ai développé une forme de passion pour le droit européen en L3. C'est pourquoi j'ai décidé pour mon M1 d'intégrer un M1 en droit international et européen avec pour objectif de passer les concours de la fonction publique européenne. 

 

Maxime (Privé à Public) : Je m’appelle Maxime, je suis étudiant en M1 Droit public et administration. Je ne m‘étais pas destiné aux études de droit à la bas. J’ai fait deux fois la première année de médecine et ayant échoué de peu, j’ai du me réorienter. Au départ j’étais un peu perdu dans ce que je voulais faire donc je travaillais très peu et je passais plus mon temps sur Facebook en cours qu’à vraiment suivre le cours quand j’y allais. Finalement après mes deux premières années passés tout juste, je me dirigeais à la base vers du droit privé et ai donc pris des matières plus de droit privé en troisième année. Mais je me suis rendu compte d’abord que ça ne me plaisait pas trop et en plus que mes notes ne me permettraient pas d’obtenir un master 2 notariat. Au deuxième semestre de L3, on a commencé un cours de décentralisation et c’est là qu’est apparu le déclic. J’ai donc décidé de partir sur un Master 1 droit public pour passer les concours administratifs plus tard. Finalement, entre la L3 où je ne savais pas ce que je voulais faire et le M1 j’ai pris presque 5 points de moyenne en plus.

Avez-vous l'impression d'avoir des lacunes ?

Yannis (Public à privé) : Au premier semestre j’aurais répondu sans hésitation que je ressentais n’en n’avoir aucune. Bien que le droit fiscal touche à tous les domaines à ce moment-là j’avais surtout besoin de bases en droit des sociétés et fort heureusement ce que j’avais de ma licence suffisait largement puisque je l’avais bien travaillé pour l’oral. Toutefois au second semestre nous avons traité les droits de successions en fiscalité des particuliers et là clairement j’avais des lacunes importante en droit civil. Toutefois je m’y suis mis grâce à une amie qui adore ça (certaines choses dépassent mon entendement) et aujourd’hui j’ai une compréhension suffisante du mécanisme global et j’arrive à faire un rapport-réduction et à déterminer l’ordre des héritiers. JE SAIS MÊME CE QU’EST UN LEGS. Le cours où mon manque de connaissance en droit civil est le plus fragrant c’est le cours de gestion du patrimoine parce que c’est 100% du droit civil et je dois avouer qu’au début, même après avoir lu les cours du parcours privé envoyés par une amie, j’ai eu beaucoup de mal et je sortais du cours complètement terrassé à me demander ce que fichais dans ce master alors qu’en fiscalité « pure » j’avais de bonne notes MAIS il suffit de se reprendre en main, rattraper depuis la base et ne surtout pas hésiter à demander conseil même au prof parce que ce n’est pas une tare d’avoir un manque de connaissance quand ce n’est pas de votre faute, vous avez un parcours public, pas privé.

Hugo (Public à privé) : Pour ma part je n’ai ressenti aucunes lacunes. Plus précisément, certaines matières que j’ai eu l’occasion d’étudier en Licence de droit public m’ont permis de mieux assimiler certaines matières lors de cette année. Si dans ma formation il y a bien des matières de droit privé, optionnelles ou obligatoires, compte-tenu de la solide formation en droit privé lors du parcours général de la Licence, je n’ai eu aucunes difficultés.

Maëlie (Privé à Public) : Je n'ai ressenti aucun retard ou lacune puisque lors de mes années de L2 et L3 j'ai assisté à des cours sur le droit international public, les grands systèmes politiques étrangers, le droit de l'Union européenne ou encore le droit administratif. Toutes ces matières de licence m'ont finalement permis d'avoir les connaissances suffisantes pour entamer un M1 de droit public. La seule difficulté a été de m'habituer à l'apprentissage quasi systématique de jurisprudences... Il y en a, bien entendu, également en droit privé, mais la quantité en droit public est nettement plus importante : cela a donc été un véritable point de travail personnel. 

Maxime (Privé à Public) : Je pense que j’ai certaines lacunes peut être de méthodologie et certaines connaissances que j’ai moins approfondi comme je n’avais pas les matières en TD. Mais je pense que c’est minime et que ça peut être facilement comblé par des recherches complémentaires.

Avez-vous l'impression d'avoir certains avantages du fait de votre parcours ?

Yannis (Public à privé) : J’ai l’impression de ne pas être parasité par des fausses informations, approximations ou mauvaises compréhensions venant de la licence sur des sujets que je découvre en somme assez tardivement mais nous sommes là dans le domaine de l’impression et peut-être que je me berce d’illusion. Aussi en fiscal beaucoup de contentieux est traité par le Conseil d’État qui est une juridiction que je finis par avoir l’habitude de côtoyer donc c’est plus facile à lire et comprendre, j’ai sa logique en tête. Enfin la procédure fiscal est, bien que particulière, une procédure dont le seul adversaire est l’État donc encore une fois le contentieux administratif risque de bien me servir puisque ce contentieux a une logique bien à lui.

Hugo (Public à privé) : Cf. « Avez-vous l’impression d’avoir des lacunes ? ».

Maëlie (Privé à Public) : Je pense que mon parcours, dans le titre, purement privatiste, mais dans le contenu, relativement hybride m'a permis d'acquérir une certaine polyvalence. Après du travail je suis autant à l'aise avec des jurisprudences (à force de travail cependant) qu'avec les textes (règlements, conventions, codes,...) alors que je constate que la plupart de mes camarades sont peu à l'aise avec l'utilisation des codes par exemple. De plus mon parcours m'ouvre également beaucoup de portes : fonctions purement européennes ou internationales, travailler au sein d'une entreprise française avec des activités soit essentiellement françaises soit avec un rayonnement international, fonction publique, droit des affaires, etc. 

Maxime (Privé à Public) : Je ne pense pas avoir certains avantages liés à mon parcours sachant que j’ai passé ma licence sans trop travailler donc automatiquement j’ai quelques points où j’ai des lacunes mais je travaille à les combler. Par contre je sais que j’ai certaines facilités d’organisation pour apprendre mes cours liées à mes deux PACES.

Referiez-vous le même choix de licence et master ? Pourquoi ?

Yannis (Public à privé) : Sans aucune hésitation oui. Pour le choix du master c’est simplement parce que j’aime ce que je fais, la fiscalité est une matière géniale. Quant au choix de la licence je referais aussi une licence « droit public » parce que cela m’a permis de découvrir l’une des matières hors fiscalité que j’aime le plus à savoir le contentieux administratif ce qui a grandement déterminé mes projets d’orientations. Aussi pendant cette licence j’ai eu l’honneur de recevoir les cours d’un des professeurs que j’admire le plus et ça c’est quand même une chance inestimable.

Hugo (Public à privé) : Sans l’ombre d’un doute je referai le même choix de Licence car ce sont vraiment les cours que je voulais suivre. Quant au choix du Master, la question est plus compliquée. Si je suis viscéralement pénaliste, suivre les cours du Master 1 de droit public général de mon Université m’aurait bien plus aussi : les thèmes abordés m’intéressent énormément. A l’instar de beaucoup de juristes, j’adore me prêter à la réflexion sur des sujets qui de prime abord ne sont pas directement liés avec ma spécialité.

Maëlie (Privé à Public) : Sans aucune hésitation, je referai les mêmes choix. J'ai adoré tous les enseignements que j'ai suivi au cours de ma licence, ce qui l'a d'ailleurs permis d'obtenir une mention en L3. Cependant j'ai ressenti le besoin de me spécialiser dans une dimension juridique internationale et européenne sans quoi mon projet se trouvait incomplet. Aujourd'hui j'ai plaisir à apprendre les cours, je suis passionnée par ce que j'y apprend, je suis contente d'aller en cours pour apprendre de nouvelles choses ou approfondir des connaissances déjà acquises. 

Maxime (Privé à Public) : Je pense que je ne referai pas le même choix de matières en licence et j’aurais orienté mes choix beaucoup plus vers du droit public afin d’avoir les connaissances de base. En ce qui concerne le master je referais assurément le même choix. D’autant plus que nos professeurs sont assez proches de nous et de notre projet professionnel.

Pensez-vous orienter votre activité future vers le droit public ou le droit privé ?

Yannis (Public à privé) :  Je pense continuer en fiscal aussi longtemps que ma folie me portera donc toujours à la fusion parfaite en exerçant la plus belle des disciplines. Pour être plus précis j’envisage de travailler essentiellement en contentieux donc l’on pourrait dire que c’est surtout du droit public du fait du contentieux administratif. La lecture me fait me rendre compte que je parle beaucoup de cette matière mais à plus courte échéance j’aimerais faire le DU de ma fac dans cette discipline (si possible pendant une thèse).

Hugo (Public à privé) : Souhaitant devenir magistrat de l’ordre judiciaire, le droit pénal et du droit privé seront forcément au cœur de ma pratique du droit. Pour autant, tout comme Yannis, je n’exclus pas de faire une thèse, notamment en droit comparé. A l’instar d’autres juristes, j’adore travailler sur des thèmes qui ne sont pas a priori proches de mes terres.

Maëlie (Privé à Public) : Pour la suite j'espère intégrer un M2 juriste européen ou droit de l'Union européenne pour ensuite continuer en doctorat avant de m'attacher à passer les concours de la fonction publique européenne. J'aimerai travailler au sein d'une délégation de l'UE dans un pays tiers ou bien en tant qu'administratrice légale dans une institution de l'union. 

Maxime (Privé à Public) : Oui je pense orienter mon activité future vers le droit public comme je souhaite passer les concours administratifs. Il faut de bonnes connaissances en droit public a minima pour les réussir.

NDLR : Cet article est amené à évolué au fur et à mesure des contributions nous parvenant. 

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