Passer l’examen d’entrée au CRFPA
A. Les écrits.
Ils ont lieu la première semaine de septembre, du lundi au jeudi en principe (mais veillez à bien vérifier car cela peut varier).
L’ordre des épreuves est le suivant : note de synthèse (lundi), droit des obligations (mardi), droit administratif (mercredi), procédure administrative contentieuse (jeudi).
- La note de synthèse.
La première épreuve est la note de synthèse. C’est l’épreuve à ne pas rater. S’il y en a une qu’il faut impérativement réussir, c’est celle-ci. Elle est coefficient 3 contre coefficient 2 s’agissant des autres épreuves.
L’épreuve de 2018 était assez difficile, pas tant par le sujet global (le RGPD) que le « vrai » sujet (le consentement dans les réseaux sociaux). En effet, tous les documents se répétaient et ne parlaient quasiment pas des réseaux sociaux, et ça m’a quelque peu déstabilisée au niveau du plan. J’ai eu un vague moment de panique, puis j’ai dit « tant pis, tu fonces, tu finis, et tu verras ce qui se passe ». J’ai terminé 4 secondes avant la fin et j’ai eu 13/20 à cette épreuve.
- Entraînez-vous jusqu’à stagner au niveau des notes à la prépa ou à l’IEJ (vers 14, 15, 16 sur 2 ou 3 notes de synthèse c’est bien). Lorsque vous aurez atteint ce stade, c’est que votre méthode fonctionne.
- Les 6 clés pour la réussite de l’épreuve : l’absence de fautes d’orthographe, le respect du nombre de pages imposé (ni plus ni moins), ne pas ajouter de connaissances en dehors de celles présentes dans les documents, le respect du sujet et du plan (deux parties, deux sous-parties avec chapeau), citer tous les documents (et ne citer que des documents, aucune phrase à l’exception de l’annonce de plan et des chapeaux ne peut apparaître sans document) et surtout finir DANS LES TEMPS. C’est ce dernier point qui est le plus difficile. Vous devez remplir tous ces objectifs en trouvant votre propre méthode.
Pour rappel, un article présent sur le site internet et réalisé par mes soins vous explique ma méthodologie de façon détaillée au sujet de la note de synthèse, n’hésitez pas à vous en inspirer.
- Les autres épreuves.
Ces autres épreuves, souvent des cas pratiques, sont coefficient 2 et sont au nombre de trois : le droit des obligations, l’épreuve de spécialité et l’épreuve de procédure.
S’agissant du droit des obligations, j’ai eu 6/20 à l’examen. Le sujet était très déroutant avec du hors programme (tout comme en 2017 il y avait eu du hors programme sur le mandat). Vous pouvez le retrouver en ligne.
Concernant les deux autres épreuves, j’ai eu 11/20 aux deux. Les deux sujets ne m’ont pas paru extrêmement compliqués, mais longs (surtout pour l’épreuve de spécialité).
MES CONSEILS :
- N’hésitez pas, lorsque vous procédez aux entraînements, à les faire avec votre cours près de vous. Je l’ai fait systématiquement. Le but de ces épreuves est d’acquérir des réflexes, et faire ces entraînements avec votre cours vous permet de les apprendre, tout en composant. Bien sûr, cela a des répercussions sur la note (qui n’a aucun intérêt avant l’examen comme je l’ai dit) puisque vous perdez un peu de temps à chercher dans votre cours, il faut donc y être préparé. L’idée est de voir ce que vous avez comme réflexe devant un sujet, et de voir où est-ce qu’il faut creuser l’apprentissage. De plus ça vous économise du temps de révision et du stress. En effet, au lieu d’apprendre tout en une semaine pour la semaine suivante, vous apprenez au fur et à mesure (cours, fiches, examen blanc, puis correction) plutôt que tout d’un coup. Cela évite aussi de vous mettre un coup de stress si vous n’assimilez pas tout en si peu de temps. Après, ce n’est que mon avis, il n’engage que moi. Bien d’autres personnes ont réussi en apprenant tout pour la semaine suivante, c’est simplement que cette méthode ne me convenait pas.
- Également, je vous conseille de ne pas dépasser le temps imparti. Certains avaient de bonnes notes en prépa en dépassant largement le temps (30 min-1h), mais ne se mettaient pas dans les véritables conditions d’examen en conséquence. A mon sens, dépasser le temps imparti sur ces entraînements vous pénalise car cela vous fatiguera plus pour une note qui ne compte pas. Vous aurez vu ce sur quoi vous avez des idées de réponse, et ce sur quoi vous n’avez aucune idée, terminer ne servira à rien puisque vous savez désormais ce que vous devez travailler. Vous avez répondu à 3 questions sur 7 dans les temps ? Ça ne fait rien, vous avez choisi ces 3 questions car vous saviez à peu près ce que vous vouliez répondre, contrairement aux quatre autres, que vous devrez donc approfondir, notamment avec leur correction.
- N’oubliez pas d’énoncer en début de résolution de cas pratique la période où se passe l’affaire, notamment en droit des obligations où on distinguait en 2018 entre l’avant réforme, la réforme où les parties interprétatives étaient en vigueur, et l’après réforme où tout était en vigueur. Généralement, le Code civil est très bien présenté de ce point de vue. Mon conseil est d’apprendre par cœur une ou deux phrases que vous écrirez systématiquement sans réfléchir. L’idéal est de faire ça aussi pour vos majeures de cas pratique.
Pour le reste, je renvoie à ce que j’ai dit plus haut sur les révisions « intelligentes » en utilisant plusieurs méthodes, que j’ai toutes mises à l’épreuve pour les cas pratiques.
B. Les oraux.
Il convient de noter que pour ces épreuves, la forme de l’examen dépend de chaque IEJ. Ayant fait l’IEJ de Paris 1, mes conseils s’y adapteront davantage mais pourront sans aucun doute s’adapter à d’autres IEJ.
- Le Grand oral.
Le Grand oral a de grandes chances d’être le pire oral de votre vie. En quoi cela consiste-t-il ? Un sujet vous est donné (à ma faculté, la majorité d’entre eux commencent par « soutenez que ») avec une heure pour le préparer à l’aide des codes que vous aurez amené avec vous, puis vous passez pendant 15 minutes sur ce sujet avant de procéder à 30 minutes de questions posées par le jury.
La plupart des sujets étaient assez faisables et attendus, seulement il s’est trouvé que je suis tombée sur un sujet dont je ne comprenais pas tous les éléments. Il était le suivant : « Soutenez que les garanties du droit de propriété doivent protéger toutes les valeurs économiques ».
Si la première partie du sujet ne posait que des difficultés moyennes, la notion de « valeur économique » en revanche m’était totalement inconnue (et même aujourd’hui encore je n’ai aucune idée de la définition de ces termes) et il fallait « toutes » les envisager. Autant vous dire que l’exposé s’est plutôt bien passé, mais l’entretien beaucoup moins.
C’est un oral qui se penche davantage sur la manière de réagir plus que sur les réponses données. Le jury se compose d’un avocat, d’un magistrat et d’un professeur d’université (souvent président du jury, placé entre les deux autres). L’avocate que j’ai eu était plutôt gentille avec moi, le magistrat était manifestement un magistrat de droit privé (et ne comprenait pas toujours mes réponses de publiciste) et la professeure d’université était vraiment la plus pénible des trois.
Le but du jeu : ne jamais vous laisser déstabiliser par quoi que ce soit car c’est exactement ce que le jury cherche, à tester nos limites, à tester notre patience.
Pour vous donner une idée de ce à quoi vous pourriez faire face, voici quelques exemples de situations :
- Le jury pourra vous dire de manière implacable que ce que vous dites est faux alors que c’est vrai.
Ça m’est arrivé sur la théorie de la concurrence pure et parfaite, que j’avais récité parfaitement et où la professeure m’a dit « c’est faux » (alors que l’après-midi même j’ai eu un cours de Master 2 où la même récitation que j’avais faite avait été donnée par le professeur). Je ne sais pas si sincèrement elle a cru que ce que je disais était faux ou si c’était pour me déstabiliser. Sans insister, j’ai essayé de changer d’approche (sans grand succès, mais je ne me suis donc pas démontée).
- Le jury pourra faire exprès de ne pas préciser leur propos quand bien même vous le demandez.
À nouveau, je ne saurais dire si c’était intentionnel, mais je sais que pendant au moins cinq minutes, la professeure essayait de me faire dire quelque chose, mais je ne voyais pas quoi, alors j’essayais de lui demander plus de précisions, mais elle ne m’en donnait pas vraiment.
- Le jury pourra vous demander d’essayer de creuser un sujet où vous êtes visiblement mal à l’aise.
Le secret ici est de tenter une réponse en partant de la définition des termes de la question. Même si vous tombez à côté de la réponse, vous essayez et c’est ce qui compte. On veut quelqu’un d’acharné qui ne se démonte pas sur une difficulté. Attention, il ne s’agit pas de prétendre que vous connaissez, mais de montrer que vous savez raisonner (et faites le raisonnement à voix haute !).
Sur la note, j’ai eu 9/20. Le sujet relevait davantage de l’économie que du juridique et puisque je n’avais pas spécialement révisé mes cours de prépa en économie et mes cours très pointus de droit public des affaires (après tout on parle de droits et libertés fondamentaux, de choses plutôt larges), j’avais beaucoup de mal à établir des réponses. Je pense avoir bien répondu aux quelques questions de l’avocate et du magistrat, mais celles posées par la professeure étaient bien plus compliquées car elles faisaient appel à des notions économiques vraiment précises. Néanmoins, puisque je me suis battue jusqu’au bout, je pense que ça explique qu’ils n’aient pas mis une note plus basse. Après, ce ne sont que des spéculations (et cela vous rappelle l’importance de réussir la note de synthèse qui m’a permis de compenser cette note sous la moyenne).
- L’épreuve d’anglais.
C’était une épreuve basique où on m’a posé des questions sur moi, mon parcours, un peu comme à un entretien d’embauche. Je sais cependant qu’au sein même de mon IEJ, certains ont eu des sujets assez techniques de fiscalité internationale. Je n’aurais donc pas de conseils particuliers à donner pour cette épreuve, celle-ci semblant assez aléatoire.
Néanmoins, si vous voulez travailler votre anglais sans payer d’abonnements, voici mes conseils :
- Regardez des séries juridiques/films juridiques en anglais (sous-titré anglais si vous avez déjà vu la série, sous-titré français sinon, en essayant de reconnaître les mots). Je pense notamment à Suits et How to get away with murder mais il y en a des tas d’autres. Sans retenir les concepts, qui diffèrent largement de la France, ça vous permettra de travailler votre écoute et votre vocabulaire juridique. Dès que vous voyez une notion juridique importante, notez là (même très mal) et essayez de rechercher ensuite à quoi cela peut correspondre.
- Vous adorez un livre, un film, un personnage, bref vous avez une passion spécifique ? Je vous suggère de vous inscrire sur Tumblr. C’est un site internet gratuit qui fonctionne semblablement à Twitter (vous vous abonnez à des recherches ou des blogs en particulier qui produisent du contenu), et où vous pourrez trouver une communauté majoritairement anglophone sur des sujets que vous aimez. Vous pourrez trouver bien sûr des images, des citations, mais aussi des débats sur certaines œuvres, certains personnages, et ils sont tous en anglais. Ce site peut donc vous permettre de lire en anglais, de répondre en anglais si le cœur vous en dit, et d’améliorer votre niveau. Vous pourrez aussi trouver des fanfictions en anglais (comprenez une fiction appuyée sur un univers existant sans en suivre nécessairement le chemin) qui vous permettrons d’enrichir possiblement votre vocabulaire.
- N’hésitez pas à regarder les chaînes d’actualité anglaises (et américaines, mais les américains ont souvent tendance à écorcher les mots, tandis que les anglais appuient au contraire davantage sur la prononciation, ce qui peut s’avérer plus facile).
Il y a des dizaines d’autres manières d’améliorer son anglais évidemment, comme trouver un correspondant, prendre des cours, etc. mais j’espère que ces quelques conseils vous aideront tout de même.
J’espère que tous ces conseils et ce partage d’expérience vous serons utiles pour aborder l’examen. Je n’ai pas la science infuse, je ne dis pas qu’en appliquant tous ces conseils vous réussirez, mais souvent on ne sait guère par quel bout prendre cet examen, et cet article est là pour vous donner des pistes à réfléchir pour le réussir au mieux.